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Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/120

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Kazan, qui était revenu au combat et se démenait autour du lynx, fit bientôt se déclencher le quatrième piège, auquel il échappa, puis le cinquième qui l’empoigna par une patte de derrière. Il était alors un peu plus de minuit.

Ce fut, jusqu’au matin, dans la caverne débranchés, sur la terre neigeuse, un chaos de luttes et de hurlements, de la louve, du chien-loup et du lynx, qui s’efforçaient chacun de se libérer du piège et de la chaîne auxquels ils étaient rivés.

Lorsque l’aube parut, tous trois n’en pouvaient plus et étaient couchés sur le flanc, haletants, la mâchoire sanglante, en attendant la venue de l’homme et de la mort.

Henri Loti et Paul Weyman s’étaient levés de bonne heure. En approchant de l’arbre tombé, le métis releva sur la neige les doubles empreintes de Louve Grise et de Kazan, et son visage teinté, tout frémissant d’émotion, s’éclaira d’une joie intense.

Lorsque les deux hommes arrivèrent devant la perfide caverne, ils demeurèrent un instant interloqués. Henri lui-même n’avait pas escompté un succès si parfait et jamais encore il n’avait vu un pareil spectacle : deux loups et un lynx, pris de compagnie, tous trois par la patte, et ferrés chacun à leur chaîne.

Mais rapidement l’instinct du chasseur reprit le dessus chez Henri. Les deux loups étaient les plus proches de lui et déjà il élevait son fusil, pour épauler et envoyer une bonne balle métallique dans la cervelle de Kazan.

Non moins vivement, Paul Weyman le saisit fortement par le bras. Il semblait tout ébahi.

— Attends, Henri, ne tire pas ! cria-t-il. Celui-ci n’est pas un loup. Regarde plutôt ! Il a porté un collier. Le poil n’est pas entièrement repoussé sur son cou pelé, C’est un chien !