les buissons, à fouiller tous les fourrés. Une neige légère, presque un grésil, en menus grains, était tombée et il ne découvrit qu’une seule piste, celle d’une hermine, qu’il ne put rejoindre.
Sous un arbre mort, à l’ouverture d’un terrier, il flaira la bonne odeur d’un lapin. Mais le lapin était aussi en sûreté au fond de son trou que les perdrix sur les branches des arbres. Après une heure passée à gratter le sol gelé et à tenter vainement de le creuser des griffes, Kazan abandonna la partie.
Lorsqu’il revint vers Louve Grise, après trois heures de chasse, il était à bout de forces. Tandis que sa compagne, avec le sage instinct de conservation du Wild qui était en elle, avait épargné son énergie vitale. Kazan s’était inutilement dépensé et il avait plus faim que jamais.
Lorsque la nuit fut revenue et que la lune remonta au ciel, claire et brillante, Kazan se remit en chasse. Par de petits gémissements et par de faux départs, suivis de retours sur ses pas, il avait tenté encore d’entraîner Louve Grise avec lui. Mais, les oreilles obliquement repliées vers ses yeux aveugles, elle s’obstinait non moins tenacement à ne point bouger.
La température dégringolait toujours. Elle atteignait dans les soixante-cinq à soixante-dix degrés, aggravée par un vent coupant et de plus en plus violent, qui en était le résultat. Un être humain qui aurait essayé de se tenir dehors fût tombé mort
À minuit, Kazan dut renoncer, une fois de plus, et regagner le gîte.
Les tourbillons du vent se faisaient plus brutaux et, grimpé sur son arbre mort, Kazan éclata en gémissements funèbres, en salves, alternées de silences, d’un chant perçant et farouche, qui retentissait au loin. C’était le signe précurseur de l’ouragan du Nord qui, depuis l’Arctique, accourait sur les grands Barrens.