Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/159

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rait derrière, les excitant de ce cri répété : « Kouch ! Kouch ! Kouch ! »

Les quatre huskies et le chien-loup demeuraient tremblants et indécis, avec Louve Grise qui rampait derrière eux. Lorsque le traîneau eut disparu, ils descendirent vers la piste qu’il avait laissée et la reniflèrent brusquement, en grande agitation.

Pendant près d’un mille ils la suivirent, flanqués de Louve Grise, qui prudemment, et inquiète d’une telle témérité, se tenait un peu au large. L’odeur de l’homme la mettait en un inexprimable malaise et seul son attachement à Kazan l’empêchait de s’enfuir au loin.

Puis Kazan s’arrêta et, à la grande joie de Louve Grise, abandonna la piste. Le quart de loup qu’il avait en lui reprenait le dessus et lui disait de se défier. Au signal qu’il en donna, toute la compagnie regagna la plus proche forêt.

Partout la neige fondait et, avec le printemps, le Wilderness se vidait de tous les hommes qui y avaient vécu durant l’hiver. Sur une centaine de milles autour de la petite troupe, ce n’était que trappeurs et chasseurs, qui s’en revenaient vers la Factorerie, en apportant leur butin de fourrures. Leurs pistes multiples mettaient comme un filet autour de la bande errante, qui avait fini par se rapprocher à une trentaine de milles du Poste.

Et, tandis que la louve aveugle s’affolait, chaque jour davantage, de la menace de l’homme, Kazan finissait par n’y plus pouvoir tenir d’aller rejoindre ses anciens bourreaux.

Il saisissait dans l’air l’âcre odeur des feux de campements. Il percevait, durant la nuit, des bribes de chansons sauvages, suivies des glapissements et des abois de meutes de chiens. Tout près de lui, il entendit un jour le rire d’un homme blanc et l’aboiement