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XIX

UN FILS DE KAZAN

Épaule contre épaule, les deux bêtes repartirent dans la direction du nord-ouest, tandis que s’éteignait derrière eux la grande rumeur.

Étape par étape, elles s’en revinrent, au bout de plusieurs jours, au marais où elles avaient gîté durant la famine et avant la rencontre des chiens sauvages.

Alors le sol était gelé et enseveli sous la neige. Aujourd’hui le soleil brillait au ciel tiède, dans toute la gloire du printemps. Partout la glace achevait de se craqueler et de s’effriter, la neige de fondre, et une multitude d’eaux torrentueuses coulaient sur le sol. Partout le dégel et la mort de l’hiver se faisaient sentir, parmi les roches qui reparaissaient comme parmi les arbres, et la magnifique et froide clarté de l’aurore boréale, qui avait illuminé tant de nuits passées, avait reculé plus loin, plus loin encore vers le Pôle, sa gloire pâlissante.

Les peupliers gonflaient leurs bourgeons, prêts à éclater, et l’air s’imprégnait du parfum pénétrant des baumiers, des sapins et des cèdres. Là où, six semaines auparavant, régnaient la famine et la mort, Kazan et Louve Grise respiraient à pleines narines l’odeur de la terre et écoutaient palpiter tous les bruits de la vie renouvelée.

Au dessus de leurs têtes, un couple d’oiseaux-des-