Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/19

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Docilement, Kazan en ressortait peu après. Isabelle l’accompagnait, la main posée sur sa tête. Ce fut elle encore, qui l’invita à sauter d’un bond dans l’intérieur obscur d’une sorte de voiture devant laquelle ils étaient arrivés. Elle encore qui l’attira dans le coin le plus noir de cette voiture, où le maître attacha la chaîne. Après quoi, lui et elle sortirent en riant aux éclats, comme deux enfants.

Durant de longues heures, Kazan demeura ensuite couché, raide et immobile, écoutant sous lui l’étrange et bruyant roulement des roues, tandis que retentissaient de temps à autre des sons stridents. Plusieurs fois les roues s’arrêtèrent et il entendit des voix au dehors.

Finalement, à un dernier arrêt, il reconnut avec certitude une voix qui lui était familière. Il se leva, tira sur sa chaîne et pleurnicha. La porte de l’étrange voiture glissa dans ses rainures et un homme apparut, portant une lanterne et suivi de son maître.

Kazan ne fit point attention à eux. Il jeta dehors un regard rapide et, se laissant à peine détacher, il fut d’un bond sur la neige blanche. Ne trouvant point ce qu’il cherchait, il se dressa et huma l’air.

Au-dessus de sa tête étaient ces mêmes étoiles auxquelles il avait hurlé, toute sa vie. Autour de lui, l’encerclant comme un mur, s’étendaient jusqu’à l’horizon les noires forêts silencieuses. À quelque distance était un groupe d’autres lanternes.

Thorpe prit celle que tenait son compagnon et l’éleva en l’air. À ce signal, une voix sortit de la nuit, qui appelait :

— Kaa…aa…zan !

Kazan virevolta sur lui-même et partit comme un bolide. Son maître le suivit, riant et grommelant :

— Vieux pirate !

Lorsqu’il rejoignit le chien, parmi le groupe des