Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/247

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sont allés… Quant à nous, nous serons bientôt arrivés.

L’ancienne cabane était toujours en place, telle que Jeanne et son mari l’avaient laissée. Seules, la vigne vierge et les autres plantes grimpantes l’avaient recouverte. Les volets et la porte étaient toujours clos, avec leurs barres transversales clouées. Tout autour avaient démesurément grandi les herbes sauvages.

Elle fut rouverte, non sans émotion. Tandis que le mari déchargeait de la pirogue les bagages et toutes ses séries de trappes, Jeanne commençait à déjà remettre son home en état, et bébé Jeanne, qui était devenue une gentille fillette, s’en donnait à cœur joie de folâtrer et de jacasser.

Comme le crépuscule tombait et comme bébé Jeanne, fatiguée du voyage, s’était couchée déjà et endormie, Jeanne et son mari s’assirent tous deux sur le seuil de la cabane, afin de profiter de l’ultime beauté de ces jours automnaux, que le rude hiver allait bientôt suivre.

Soudain ils tressaillirent.

— As-tu entendu ? dit l’homme à la jeune femme, dont il caressait de la main la soyeuse chevelure.

— Oui, j’ai entendu… répondit-elle.

Et sa voix tremblait.

— Ce n’était pas sa voix à lui. C’était plutôt celle de l’autre, le même appel que jetait, sur la bande de sable, la louve aveugle.

L’homme fit un signe d’assentiment.

Jeanne avait saisi nerveusement le bras de son mari.

— Sans doute, reprit-elle, sont-ils toujours là, ou, comme nous, sont-ils revenus.

Puis, après un silence :

— Écoute-moi, mon ami ! Veux-tu me promettre, au cours de cet hiver, de ne point chasser, ni trapper