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Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/56

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qu’il y avait là un autre être humain, enveloppé dans des fourrures. Ses dents s’enfoncèrent dans le poil épais. Et il entendit une voix, une voix dont le timbre doux le fit tressaillir. C’était sa voix, sa voix à elle ! Chaque muscle de son corps se bloqua et il parut comme pétrifié.

En même temps, la peau d’ours s’écarta et, dans la lueur lunaire, sous la clarté diffuse des étoiles, il découvrit qui était celle qui parlait.

Il s’était trompé, Ce n’était pas elle. Mais la voix était toute pareille à la sienne. Mais, dans le blanc visage de femme qu’il avait là, devant ses prunelles ardentes comme des braises, il y avait comme une mystérieuse image de celle qu’il avait appris à tant aimer. Et, contre sa poitrine, cette forme tremblante pressait un autre être, plus petit, qui émettait un cri singulier, un vagissement frémissant.

Plus prompt que le raisonnement humain, l’instinct avait joué chez Kazan. En moins d’une seconde, faisant volte-face, il fit claquer ses dents vers Louve Grise, si férocement que celle-ci en recula, avec un glapissement d’effroi. Puis, tandis que l’homme, à demi-renversé, vacillait avec son fusil, Kazan, lui passant sous le nez, se rua contre ce qui restait de la bande des loups. Plus sauvagement encore qu’il n’avait lutté tout à l’heure contre les chiens, il combattait à présent, à côté d’eux, ses crocs taillant et coupant comme des couteaux. Et l’homme chancelant, tout couvert de sang, s’émerveillait de ce qui advenait. Louve Grise elle-même s’était rangée au côté de Kazan, en bonne compagne, et, quoique sans comprendre, faisait face aux hurlements ennemis, donnant de la gueule de son mieux.

Lorsque la bataille fut terminée, Kazan et Louve Grise étaient seuls sur la plaine neigeuse. Le traîneau avait disparu.