Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/64

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Jeanne, s’étant relevée, l’invita à la suivre, il réunit toutes ses forces, mais ne put réussir à obéir. Alors seulement Jeanne s’aperçut du triste état d’une de ses pattes. Oubliant toute prudence, elle vint tout près de lui.

— Il ne peut marcher ! Père regardez ! s’écria-t-elle avec un frémissement dans la voix. Vois quelle terrible entaille ! Il nous va falloir le porter.

— J’y avais songé, répondit Pierre Radisson, c’est pourquoi j’ai apporté cette couverture. À ce moment, de l’obscurité du bois, s’éleva un cri sourd, un gémissement lamentable.

Mon Dieu ! Jeannie ! dit Pierre, écoute cela.

Kazan avait soulevé sa tête et un pleurnichement éploré répondit à la plainte nostalgique qui retentissait. C’était Louve Grise qui l’appelait.

Jeanne et son père enveloppèrent Kazan dans la couverture et, la prenant chacun par un bout, emportèrent avec eux l’éclopé, jusqu’au campement. Ce fut miracle que l’opération s’accomplît sans autre révolte de l’animal, et sans égratignure ni morsure.

Kazan fut couché devant le feu et, au bout de quelques moments, ce fut encore l’homme qui apporta près de lui l’eau tiède qui servit à laver la blessure de sa patte, à enlever le sang coagulé, puis qui étendit sur la plaie quelque chose de doux et qui calmait et qui lia le tout, finalement, avec une bande de toile.

Puis encore ce fut l’homme qui lui offrit un succulent gâteau, fait de graisse et de farine, et qui l’invita à manger, tandis que Jeanne lui parlait, assise devant Lui, son menton entre les mains. Après quoi, se sentant tout à fait réconforté, il n’eut plus peur du tout.

Un cri faible et très étrange, qui sortait du paquet de fourrures demeuré sur le traîneau, lui fit dresser la