Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/81

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Elle demeurait immobile, étendue sur le traîneau, et il attendait qu’elle remuât et lui parlât. Comme elle ne bougeait toujours point, il vint sur elle et la flaira. Ce fut en vain.

Et voilà que tout à coup il leva la tête et renifla, face au vent. Le vent lui apportait quelque chose. Il recommença à pousser Jeanne, de son museau, comme pour l’avertir. Mais elle demeurait inerte. Il gémit, lamentablement et lança un long aboi, aigu et plaintif.

Cependant la chose inconnue qu’apportait le vent se faisait plus sensible et Kazan, tendant vigoureusement son harnais, se remit en marche, en traînant Jeanne à sa suite.

Le poids, ainsi alourdi, qu’il tirait, exigeait de ses muscles un effort considérable et le traîneau, dont grinçaient les patins, avançait péniblement. À tout moment, il lui fallait s’arrêter et souffler. Et, chaque fois, il humait l’air de ses narines frémissantes. Il revenait aussi vers Jeanne et gémissait près d’elle, pour l’éveiller.

Il tomba dans de la neige molle et ce ne fut que pouce par pouce qu’il réussit à en sortir le traîneau. Puis il retrouva la glace lisse et il tira avec d’autant plus d’entrain que la source de l’odeur mystérieuse apportée par le vent lui semblait plus proche.

Une brèche, dans une des rives, donnait issue à un affluent du fleuve, gelé comme lui en cette saison. Si Jeanne avait eu sa connaissance, c’est de ce côté qu’elle eût commandé au chien-loup de se diriger. Le flair de Kazan lui servit de guide.

Dix minutes après, il éclatait en un joyeux aboi, auquel répondirent ceux d’une demi-douzaine de chiens de traîneau. Une cabane de bûches était là, au bord de la rivière, dans une petite crique dominée par un bois de sapins, et de son toit une fumée mon-