Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/84

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Trois jours après, le mari de Jeanne s’en retourna chercher le cadavre gelé de Pierre Radisson. Kazan profita de son absence pour revenir à la cabane, vers la jeune femme et vers la caresse de sa main.

Durant les jours et les semaines qui suivirent, il partagea son temps entre cette cabane et Louve Grise. Il tolérait près de Jeanne la présence de l’homme plus jeune qui vivait avec elle et avec l’enfant, comme il avait toléré celle de Pierre Radisson. Il comprenait que c’était pour elle un être cher et que tous deux aimaient le bébé d’un égal amour.

À un demi-mille de distance, au faîte d’une énorme masse rocheuse que les Indiens appelaient le Sun Rock[1]lui et Louve Grise avaient, de leur côté, trouvé leur « home » dans une crevasse propice. Ils y avaient établi leur tanière, d’où ils descendaient chacun dans la plaine, pour y chasser. Souvent montait jusqu’à eux la voix de la jeune femme, qui appelait :

— Kazan ! Kazan ! Kazan !

Ainsi s’écoula le long hiver de la Terre du Nord, Kazan allant et venant du Sun Rock à la cabane, et le mari de Jeanne occupant son temps à aller poser, puis relever ses trappes, où il capturait les animaux à fourrure, petits et grands, hermines, martres, visons, renards de variétés diverses, qui étaient nombreux dans la région.

Puis revint le printemps et, avec lui, le Grand Changement.

  1. Le Hoc du Soleil.