Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/89

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en ce cas, de ce que pouvait ruminer le cerveau mystérieux du chien-loup. Mais la jeune femme était plus confiante en Kazan et le savait incapable d’une trahison.

— Bon vieux Kazan, disait-elle, je te remercie d’être venu à mon appel. Bébé et moi nous serons seuls cette nuit. Le papa du petit est parti au Poste le plus proche et nous comptons sur toi pour nous garder.

Elle lui chatouillait le museau, du bout de la longue tresse soyeuse de ses cheveux. Ce qui, quel que fût son désir de n’en point broncher, faisait souffler et éternuer Kazan, à la grande joie du marmot.

Puis Jeanne, s’étant levée, s’occupa, durant le reste de la journée, à empaqueter toutes sortes d’objets qui se trouvaient dans la cabane, Kazan, qui l’observait, fut fort étonné de ce manège énigmatique. Quelque chose qu’il pressentait, mais ne pouvait comprendre, se préparait sans nul doute.

Le soir venu, après l’avoir beaucoup caressé, Jeanne lui dit :

— N’est-ce pas, Kazan, que tu nous défendrais cette nuit, si un danger nous menaçait ? Maintenant je vais verrouiller la porte, car tu dois demeurer avec nous jusqu’à demain matin. Elle se remit à caresser le chien-loup, avec émotion. Sa main tremblait nerveusement.

— Bientôt, sais-tu, reprit-elle, nous allons partir, nous en retourner chez nous. Notre récolte de fourrures est terminée. Oui, nous repartons tout là-bas, là où vivent les parents de mon mari, là où il y a des villes, avec de grandes églises, des théâtres et des concerts de musique, et un tas d’autres des plus belles choses qui sont en ce monde. Et nous t’emmènerons avec nous, Kazan !

Kazan ne comprenait pas ce que lui disait Jeanne,