Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/11

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bler au Japonais. Alors le Chippewa reparaît et prend à nouveau sa place. Il s’est, lui aussi, transformé avec la latitude. À mesure qu’il se rapproche du cercle arctique, sa pirogue devient un kayak de peau, sa figure s’épate, ses yeux se vrillent comme ceux du Chinois et les géographes le nomment Esquimau.

L’ancêtre des Johnson, dont la descendance devait aboutir à Bram, s’était mis en route, il y a quelque cent ans, d’un pays plus au Sud, pour monter vers le Nord. Le sang de ses enfants, puis des enfants de ses enfants, se mélangea d’abord avec celui des Chippewas, puis avec celui des Crees. Par échelons successifs, il se mêla avec le sang esquimau. Le plus curieux, c’est qu’à travers tous ces mariages ethniques le nom de Johnson eût surnagé. Mais si, sur la foi de ce nom, vous étiez entré dans le tepee qui momentanément abritait Bram, croyant y trouver un homme blanc, vous n’eussiez pas été peu surpris du type innommé qui s’offrait à vous.

Bram Johnson, au bout d’un siècle de ces croisements, avait la peau, les cheveux et les yeux d’un blanc. Pour le reste, il se rattachait au type physique de sa mère demi-esquimaude. De ce type il différait sur un point, cependant : il mesurait six pieds de haut.

C’était un colosse. Les os des pommettes saillaient sur sa large face ; il avait les lèvres