Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/114

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Elle s’assit en face de lui, tandis qu’il mangeait. Et, tout en mangeant, il soupesait mentalement quel poids pouvait être celui de la jeune femme. Si svelte était-elle qu’il aurait parié qu’elle aurait, en trop ou en moins, fait osciller bien peu la balance autour de cent vingt livres. Comme elle était perdue en ce recoin de la terre ! Elle n’y était pas plus en son milieu que le crêpe de Chine d’une robe de bal ou un vase de porcelaine tendre. Il allait falloir résoudre le mystère de sa présence dans cette cabane.

De même qu’il voulait savoir, il était visible qu’elle aussi voulait parler. Cela se lisait dans ses yeux. Sa gorge se soulevait, haletante, pour dire en un quelconque langage, pour exprimer à Philip pourquoi elle était là et ce qu’il devait faire pour elle. L’effort était mutuel pour arriver à se comprendre. Comment y parviendraient-ils ?

Philip, ayant terminé son déjeuner, se leva de table et emmena Célie vers la fenêtre. Ils virent, dans l’enclos, Bram qui distribuait des morceaux de viande à la horde réunie autour de lui. Philip commença à dénouer les tresses de cheveux de la jeune femme, qui était à son côté. Il se sentait rougir sous sa barbe, tandis que ses doigts se jouaient dans la soie dorée et la dénouaient. Célie le regardait agir, étonnée. Il prit quelques fils et les retissa en un cordon léger, de la taille à peu près de celui dont était confectionné le