Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/129

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ces ennemis inconnus, dont Bram l’avait sauvée ? Philip ramassa une des images que Célie avait froissée. Deux personnes y étaient figurées. L’une était elle-même ; l’autre était un homme. Philip releva ses yeux vers Célie. Les siens s’étaient embués de larmes.

Philip sentit, tout à coup, un froid lourd lui glacer le cœur. Depuis qu’il l’avait trouvée dans la cabane de Bram Johnson, depuis que leurs deux sorts avaient paru se joindre dans la tragique aventure qui les mêlait, lui et elle, en ce lieu sinistre, dans cette solitude qui les avait rapidement rapprochés, et étroitement unis, semblait-il, son imagination avait marché. Une flamme brûlante avait embrasé sa poitrine. Et voilà que tout espoir tombait à plat. Sans doute elle en aimait un autre…

Philip détourna la tête. Son âme, oppressée, s’était assombrie. L’horreur de la situation reparut dans toute sa réalité. Quelque nouveau malheur n’allait-il pas advenir ?

À pas lents, il se dirigea vers la fenêtre, afin de cacher son trouble, et regarda dehors.

Presque aussitôt, Célie l’entendit qui poussait un cri horrible. Elle courut vers lui. Philip avait lâché le petit papier, qu’il avait emporté avec lui, et, ses deux mains se crispaient sur l’encadrement de la fenêtre. Il regardait comme hébété.