Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/150

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dans un miroir. Devant ces moites prunelles, dont l’éclat disait maintenant tant de choses, le jeune homme fut sur le point de s’élancer à nouveau vers la jeune fille et de la serrer dans ses bras, elle et les chandelles.

Mais déjà Célie s’était retournée et avait été vers la table, où elle posa les deux lumières. Philip continuait à fouiller dans la provision et à allumer les petites baguettes de graisse, jusqu’à ce qu’une douzaine d’étoiles eussent illuminé la chambre. C’était une déplorable prodigalité. Mais Philip trouvait que son bonheur la valait bien.

La jeune femme, maintenant, savait qu’il l’aimait. Le doute, pour elle, n’était plus possible. Et, dans ses yeux, il lisait qu’elle avait foi en lui.

Prenant sur une chaise le manteau de Philip, Célie alla l’accrocher devant la fenêtre et elle montra du doigt les chandelles.

« Il n’y a rien à craindre, dit-il, en secouant la tête. Les javelots ne sont pas à redouter, avec une telle tempête, et les Esquimaux ont assez à faire de s’occuper d’eux-mêmes. »

La tourmente, en effet, après un court répit, avait repris de plus belle, avec tout le charivari de son orchestre diabolique et de ses voix humaines. Déchaînée, elle recommençait à battre la cabane.

« Écoutez ! » dit Philip.

Splendidement courageuse, Célie comme lui,