Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/209

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Célie détourna, pendant un instant, ses yeux vers lui et rougit, en le voyant qui la contemplait amoureusement.

« Blake a raison, dit-il à mi-voix. Je suis fou en agissant comme je le fais. C’est pour vous faire plaisir que je risque ce voyage vers votre père. Vous et moi, nous jouons notre existence. Peut-être, ô mon adorée, vous en rendez-vous insuffisamment compte ? En partant vers le Sud, nous étions bientôt sains et saufs, et les Esquimaux n’auraient pas osé nous poursuivre pendant longtemps. »

Célie souriait, sans comprendre, en l’écoutant.

« … Et peut-être, lorsque nous arriverons à lui, trouverons-nous qu’il est mort. Notre sort dépend de Blake. Surveillez-le bien. Je vais en faire autant. »

Et, s’avançant vers l’avant du traîneau, il arma le gros revolver qui, à trente pas, pouvait abattre son homme.

Blake conduisait l’attelage dans la direction du Nord-Ouest et sans doute ne tarderaient-ils pas à rencontrer la rivière de la Mine-de-Cuivre, ce gros torrent, alors gelé, qui coule vers l’Arctique. Lorsque les arbres et les fourrés s’éclaircissaient, Philip se rapprochait de Célie. Mais, dès que le terrain redevenait plus propice à une embuscade, il revenait vers Blake, le revolver bien en évidence dans sa main. Alors Célie