Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/242

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Il fit une pause, après un grand soupir. Puis, sans transition :

« Calkins, Harris et O’Flynn périrent dans une embuscade, que je te conterai un jour, après s’être vaillamment défendus. Durant sept jours, je m’enfuis devant la horde qui me poursuivait et je tombai sur un campement où se trouvaient Armin, sa fille et deux autres blancs. C’étaient des Russes. Deux Kogmollocks du golfe du Couronnement leur avaient servi de guides et ils descendaient vers le Sud. Mais, le lendemain, la bande des petits démons, ayant Blake à sa tête, nous avait rejoints et nous faisait prisonniers. Par le plus grand des hasards, Bram Johnson l’errant, venu de nulle part et n’allant nulle part, survenait sur ces entrefaites. Pour nos Esquimaux, Bram est un être surnaturel, un grand diable de Diable, et chacun de ses loups un démon incarné. Les coquins s’apprêtaient à nous massacrer, les trois hommes et moi, et Blake à s’attribuer la jeune fille. Mais ces nabots furent déconcertés par la façon dont Bram s’assit en face d’eux et les fixa. Ils en demeurèrent médusés et, jusqu’au lendemain, rien ne se passa. Bram ne s’en allait toujours pas. Je remarquai qu’il avait ramassé sur la neige un des longs cheveux d’or de Célie et qu’il le contemplait avec amour. M’étant avancé, il gronda, comme une bête féroce, semblant craindre que je voulusse