Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/26

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Toujours muet, Philip tira de sa poche un couteau et coupa un des cheveux au-dessus du second nœud. Une tresse brillante se déroula sur la table, onduleuse comme un serpent. L’or n’en était pas rouge, avec des reflets sombres ou cuivrés, sous la lumière de la lampe. C’était un or blond, dont Philip ne se souvenait pas d’avoir vu d’exemple. Et il admirait la patience merveilleuse avec laquelle le piège avait été tissé.

Il regarda Pierre à nouveau.

« Ce doit être, dit Pierre, que Bram a une femme avec lui…

— Sans aucun doute, répondit Philip. Une femme vivante ou… »

Il n’acheva pas. Les deux hommes s’étaient compris. La même effrayante question les angoissait. Pierre se contenta de hausser les épaules. À cette question que pouvait-on répondre ? Et, comme un coup de vent soudain heurtait la porte de la case, ainsi que l’eût fait une main d’homme, il frissonna.

« Diable ![1] s’écria-t-il, en redevenant maître de lui et en découvrant comme un éclair ses dents blanches, dans un sourire. Toute cette histoire m’a rendu nerveux. Bram et ses loups, dans la lueur de la flamme, puis cet objet étrange… »

Il rabaissa ses yeux vers la tresse étincelante.

  1. En français dans le texte. (Note des Traducteurs.)