Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/43

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nières braises du feu, réchauffa, pendant quelques moments, la culasse refroidie de son fusil. Puis il étouffa le feu, avec de la neige, qu’il tassa des pieds. Retournant alors sur la lisière du petit bois, il se posta près du plus haut sapin qu’il put trouver, prêt, en cas de danger, à y grimper, pour y chercher un refuge.

Le danger ne fut pas long à accourir. Il arriva en trombe. La horde, conduite par l’homme-bête, fonçait droit dans sa direction. Elle n’était plus qu’à deux ou trois cents pas lorsque Philip escalada son arbre. Tandis qu’il grimpait le long du tronc, à douze pieds de haut environ, sa respiration haletait et, dans sa poitrine, son cœur battait comme un tambour. Le sapin, qui n’était guère plus gros que son bras, constituait pour lui un bien faible refuge. Il se souvint de ce jour où il lui était arrivé de suspendre un millier de livres d’élan sur des cèdres aussi gros que sa jambe. Les loups étaient venus, la nuit suivante, et ils avaient rongé net les troncs des arbres, comme autant de fétus.

Une fois installé sur son perchoir, Philip plongea son regard sur le Barren, qu’éclairaient les étoiles.

Les loups s’étaient tus, signe que la chasse tirait à sa fin. On n’entendait plus que le rapide « chug, chug, chug » des sabots du caribou poursuivi, qui crevaient, dans leur galopée, la légère