Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/59

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Déjà la solitude l’écrasait et, pendant l’heure qui suivit, il lui fallut toute son énergie pour lutter contre l’insurmontable désir, qui le tenaillait, de revenir en arrière. Pas un rocher, pas un buisson ne brisaient la monotonie du paysage. Seuls, des nuages noirs roulaient tristement, venant du Nord et de l’Est. Et si bas, si bas était le ciel, qu’il semblait qu’un caillou lancé l’aurait atteint.

À six reprises différentes en deux heures, Philip contrôla, à l’aide de sa boussole, la direction de la piste laissée par Bram. Elle ne s’écartait pas, si peu que ce fût, de la ligne du Nord. Sans un point de repère, sans une pierre ou un arbre pour diriger sa course, Bram, guidé par son seul instinct, allait aussi droit, dans ses grises ténèbres, que pouvait le faire Philip, guidé par le sensible instrument qu’il portait sur lui.

Au cours de la troisième heure de marche, Philip constata que le traîneau s’était arrêté, sans que les loups eussent, pour cela, rompu leur ordre d’attelage. Bram était simplement descendu du traîneau, pour le suivre à pied et chausser ses raquettes. Philip mesura la longueur des enjambées de l’outlaw[1]. Elles étaient de douze à seize pouces supérieures aux siennes et il en conclut que Bram couvrait six milles,

  1. Outlaw ou hors-la-loi. (Note des Traducteurs.)