Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/73

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sant signe à Philip de marcher devant, la caravane se mit en chemin. Bram suivait Philip, et la bande suivait Bram. L’ordre du cortège indiquait nettement que l’outlaw emmenait avec lui un prisonnier, non un ami. Pourquoi avait-il fait grâce ? Mystère.

Au bout de deux milles, on retrouva le traîneau de Bram. Il l’avait abandonné, pour être plus libre de ses mouvements, lorsqu’il était venu dans la nuit, avec ses loups, se mettre à l’affût de son poursuivant inconnu. Car il s’était bien douté que Philip allait suivre sa piste, à la suite de leur dernière rencontre. La tactique de l’homme-loup n’avait rien laissé à désirer, ni sa prévoyance. Philip, intérieurement, s’en émerveilla.

Il observait Bram, tandis que celui-ci mettait la horde sous le harnais. Les loups lui obéissaient ainsi que des chiens. Il existait, entre eux et lui, comme une camaraderie, comme une affection même. Bram leur parlait exclusivement en esquimau : les mots claquaient comme des paquets d’os se heurtant les uns les autres : clac-clac-clac. Ce n’était plus du tout le timbre guttural de Bram, lorsqu’il s’exprimait dans le patois des métis.

Au moment de repartir avec le traîneau, Philip tenta à nouveau de rompre le silence et de tirer de Bram quelques paroles.