Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/76

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coup, et se chargeait par la culasse. Philip se demanda pourquoi, au lieu de détruire le sien, plus moderne, Bram ne se l’était pas approprié, en échange de cette vieille relique. Il songea aussi, si défectueuse que fût cette arme, au danger qu’il avait couru, perché sur son arbre, dans la pleine lumière des étoiles.

Plus encore que le fusil, le gourdin semblait usagé. Il était de bouleau et long de trois pieds. À l’endroit où s’agrippait la main de Bram, le bois était tout usé, tout lisse, et si imprégné de crasse qu’il en était noir comme de l’ébène. À l’extrémité opposée, celle qui frappait, sa surface, entamée, portait la marque des coups formidables, durement appliqués, et des macules de sang à demi décoloré en disaient long. Pas d’ustensiles de cuisine sur le traîneau, et encore moins de comestibles, sauf la chair du caribou. À l’arrière, était seulement un fort fagot de branches résineuses de sapin, d’où sortait un grossier manche de hache.

La peau d’ours blanc et le fusil retenaient surtout l’attention de Philip. Un fusil ! Il n’avait qu’à se pencher un peu, pour s’en saisir, et la pensée le lancinait, qu’il ne pouvait guère manquer le large dos qu’il avait devant lui. Nul doute que Bram eût oublié l’arme dans le traîneau. Peut-être aussi comptait-il sur la seule protection de ses loups, qu’il estimait être suffisante, ou bien