Page:Curwood - Les Chasseurs de loup, trad. Gruyer et Postif, 1929.djvu/173

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Tous deux armèrent leurs fusils et partirent.

La piste des Woongas suivait le fond boisé qui continuait vers le nord. Au bout d’une centaine de yards, Mukoki s’arrêta et montra à Rod une des pistes d’homme qui était plus marquée que les autres.

« Celui-là, dit-il, porter Wabi. Eux ne pas marcher très vite. Perdre beaucoup de temps ! »

Et ses yeux s’allumèrent d’une joie sauvage.

Rod constata en effet que les enjambées des Woongas étaient plus courtes que les leurs, ce qui signifiait que leur marche était moins rapide. Mais pourquoi musaient-ils ainsi ? Pensaient-ils qu’ils ne seraient pas poursuivis ? C’était invraisemblable. Etait-ce bravade de leur part, car ils avaient le nombre ? Ou projetaient-ils quelque embuscade ? À toute éventualité, Rod et Mukoki tenaient droit devant eux les canons de leurs fusils, prêts à épauler.

Un bruit guttural, émis par Mukoki, alerta Roderick. Le pas d’un cinquième homme était marqué sur la piste. Il comprit que Wabi avait été remis sur ses pieds et marchait maintenant en compagnie de ses ravisseurs. Il avait toujours ses raquettes et ses pas étaient aussi réguliers que les autres. Il n’était donc pas sérieusement blessé.

Les deux compagnons traversèrent un boqueteau de cèdres, où de vieilles souches entremêlées formaient d’inextricables réseaux. C’était, pour tendre une embûche, un endroit idéal. Le vieil Indien n’hésita pas cependant à avancer. La piste, au demeurant, empruntée par les Woongas à celle d’un élan, était nette et facile.

Moins aguerri que son compagnon, Rod s’attendait, à tout moment, à entendre claquer un fusil et à voir, devant lui, Mukoki tomber, la face sur la neige. Lui-même, il s’imaginait sentir la piqûre brûlante d’une balle,