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ET SES INTERPRÈTES

maîtres de l’art : dans les symphonies où les cornets d’automobile et les bruits de cailloux froissés prennent rang à côté des violons et des flûtes, dans les drames lyriques où des poèmes malsains et déformateurs sont accentués d’une réalisation musicale prétentieuse et alambiquée. C’est là que le colossal, le complexe, le dominateur, règnent sans partage. Wagner, selon l’expression parfaitement juste de M. Vincent d’Indy, Wagner est « le dernier des classiques ». Wagner n’a pas seulement du génie, il a du goût, il est clair, il est sain.

Et c’est pourquoi nous admirons et nous aimons son œuvre, comme nous admirons et aimons celle de Mozart et de Beethoven, celle de Bach et de Haendel, de Gluck et de Weber, de Schubert et de Schumann…

Ce n’est pas à nous qu’il faut demander de détruire les cathédrales !


On oublie d’ailleurs un peu trop facilement, en général, qu’avec Wagner nous restons dans le domaine historique ; qu’il s’agit d’un contemporain de Berlioz, de Meyerbeer et de Rossini, et que son œuvre, si elle a attendu trente, quarante, cinquante ans même, pour prendre rang sur notre scène, n’en est pas moins chronologiquement voisine de Charles VI et du Prophète, du Trouvère et de Faust, des Troyens et d’Hamlet. Un arrêt soudain, une coupure nette a souligné ce recul. Il est donc naturel et logique d’en parler, dès à présent, d’une façon historique et documentaire.