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Page:Curzon - L’Œuvre de Richard Wagner à Paris et ses interprètes, Sénart.djvu/83

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LOHENGRIN.

leurs titres de gloire. Outre que la partition était donnée dans son intégralité, — pour la première fois depuis les représentations dirigées par Liszt à Weimar en 1870, — l’orchestre et les chœurs atteignaient une perfection de voix, de mouvement, de vie, qui n’a jamais été dépassée depuis. Et l’éclatant début de Van Dyck, son héros favori, n’était-il pas aussi son œuvre ? Certes, celui-ci n’avait pas encore la maîtrise que nous avons tant de fois admirée depuis, mais quelle flamme de jeunesse enthousiaste, quelle conviction et déjà quelle sûreté musicale ! C’étaient ses premiers pas sur la scène, mais qui les a vus ne saurait les oublier : ils avaient la souplesse et la fermeté que donne la foi. Ses adieux au cygne et la façon dont il se présentait au Roi pour défendre Elsa donnaient vraiment l’impression d’un être surnaturel : plus tard, le duo d’amour ne semblait pas moins détaché de la terre : et quant au récit du Graal, sa ferveur fit passer comme un frisson d’aise. On apprécia encore, très sincèrement, la beauté de style de Fidès Devriès dans Elsa, la rudesse de Blauwaert dans Telramund ; enfin Auguez sut donner, par la simplicité mais la plénitude de son style vocal, au rôle secondaire du héraut, une valeur qu’il a bien rarement retrouvée et dont le souvenir de l’excellent artiste doit bénéficier.

Retenons cependant surtout le souvenir de la première représentation à l’Opéra, qui dut attendre jusqu’au 16 septembre 1891. Celle-là aussi eut ses péripéties dans la rue : mais on savait assez, désormais, que les causes de trouble qui ne sont nées que d’une imagination échauffée doivent être arrêtées sans hésitation, fût-ce par la force. Au bout de quelques soirs de précautions policières, les manifestations s’évanouirent pour ne plus