Page:Custine - Aloys, ou le religieux du mont saint bernard, Vézard, 1829.djvu/81

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sion qu’elles firent sur mon âme à ce premier voyage. Les sentiments peuvent s’exprimer à toutes les époques de la vie ; rien n’en efface le souvenir ; mais, pour peindre ce qui ne s’est passé que dans l’imagination, la jeunesse seule trouve des couleurs.

» — Vous n’avez pas encore eu le temps d’oublier, répondit l’étranger.

» — Sans être d’un âge avancé, reprit le moine, j’ai tant souffert, qu’il me semble que j’ai déjà vécu plusieurs vies. Quand je me reporte à ce temps où mes douleurs et mes plaisirs étaient imaginaires, je crois parler d’un autre homme, et les expressions me manquent pour décrire un état si différent du mien. Aussi vais-je me hâter d’arriver