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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/179

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« Le lendemain, le docteur ** fut nommé knight (chevalier).

« L’Empereur se fit expliquer, d’abord par moi et depuis par bien d’autres, ce que c’était que cette distinction qui valait à son médecin le titre de sir et à la femme du sir, celui de lady ; mais, malgré sa perspicacité qui était grande, il est mort sans avoir pu comprendre nos explications, ni la valeur de la nouvelle dignité conférée à son docteur. Il m’en a encore parlé dix ans plus tard à Pétersbourg.

« L’ignorance de l’Empereur Alexandre, répondis-je, est justifiée par celle de bien d’autres hommes d’esprit, à commencer par la plupart des romanciers étrangers, qui veulent mettre en scène des personnages de la société anglaise. »

Cette histoire, contée avec une élégance de ton, une grâce de manières, une simplicité de gestes, une expression de physionomie, un son de voix qui ajoutent de la finesse aux moindres paroles, en décelant plus d’esprit que celui qui parle ne semble en vouloir montrer, nous mit tous de bonne humeur et servit de prélude à une conversation qui dura plusieurs heures.

Nous passâmes en revue la plupart des choses et des personnes remarquables de ce monde, et surtout de ce siècle ; je recueillis une foule d’anecdotes, de portraits, de définitions, d’aperçus fins qui jaillissaient