Aller au contenu

Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des institutrices qu’on fait venir de Genève en Pologne, pour élever les enfants. Les dames russes qui se trouvent avec moi sur le Nicolas Ier, tâchent de parler français comme nous, et, à très-peu de nuances près, elles y parviennent.

Hier, un accident survenu à la machine de notre bateau servit à mettre au jour le ressort secret des caractères.

Le souvenir toujours présent du naufrage et de l’incendie de ce paquebot, rend les passagers craintifs à l’excès cette année ; il faut convenir que la composition de l’équipage n’est guère propre à rassurer les peureux. Un capitaine hollandais, un pilote danois, des matelots allemands de l’intérieur des terres : voilà les hommes destinés à faire manœuvrer notre bâtiment russe.

Hier donc, après le dîner, nous étions presque tous réunis sur le pont par un beau temps, un peu frais, et nous lisions avec grand plaisir un livre qui fait partie de la bibliothèque du bâtiment, les Premières Années Littéraires de Jules Janin, quand le mouvement des roues s’arrête subitement. Cependant un bruit inusité se fait entendre dans la région de la machine et le bâtiment reste immobile au milieu d’une mer, grâce au ciel, parfaitement calme. On eût dit d’un modèle de vaisseau enclavé dans une table de marbre ; plusieurs matelots se mettent à courir vers