Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/25

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Les preuves, soi-disant neuves qu’ils me donnent, ne me satisfont pas ; mais fussent-elles plus claires que le jour, qu’y aurait-il de changé en moi ?… Qu’il soit déchu par le péché, ou qu’il soit à la place où la nature soumise à Dieu l’a voulu mettre, l’homme est un soldat enrôlé malgré lui dès sa naissance, et qui ne se dégage qu’à la mort ; même alors le chrétien ne fait que changer de liens. Prisonnier de Dieu dans l’éternité, le travail, l’effort, telle est sa loi et sa vie : la lâcheté lui paraît un suicide, le doute est son supplice, la victoire son espérance, la foi son repos, l’obéissance sa gloire.

Tel est l’homme de tous les temps et de tous les pays ; mais tel est surtout l’homme civilisé par la re ligion de Jésus-Christ.

Le bien et le mal sont des inventions humaines, dites-vous ? Mais si l’homme engendre par sa nature de si obstinés fantômes, qui donc le sauvera de lui-même ? et comment échappera-t-il à cette maligne puissance de création intérieure, de mensonge si vous voulez, qui est et demeure en lui, malgré lui, et malgré vous depuis le commencement du monde ?

Tant que vous ne mettrez pas la paix de votre conscience à la place des agitations de la mienne, vous n’aurez rien fait pour moi… La paix !… Non,