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— Non.

— Êtes-vous envoyé par votre gouvernement pour observer l’état social et politique de ce pays ?

— Non.

— Par une société commerciale ?

— Non. Vous voyagez donc librement et par pure curiosité ?

— Oui.

— Pourquoi vous êtes-vous dirigé vers la Russie ?

— Je ne sais, etc., etc., etc.

— Avez-vous des lettres de recommandation pour quelques personnes de ce pays.

On m’avait prévenu de l’inconvénient de répondre trop franchement à cette question : je ne parlai que de mon banquier.

Au sortir de cette séance de cour d’assises, j’ai vu passer devant moi plusieurs de mes complices : on a vivement chicané ces étrangers sur quelques irrégularités reprochées à leurs passe-ports. Les limiers de la police russe ont l’odorat fin, et selon les personnes ils se rendent difficiles ou faciles en passe-ports ; il m’a paru qu’ils mettaient une grande inégalité dans leur manière de traiter les voyageurs. Un négociant italien qui passait devant moi a été fouillé impitoyablement, j’ai presque dit fouillé au sang, au sortir du vaisseau : on lui a fait ouvrir jusqu’à un petit porte--