Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/278

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Depuis plus de vingt-quatre heures que je suis à Pétersbourg, je n’ai encore rien pu arracher à la douane, et, pour mettre le comble à mes embarras, ma voiture, envoyée de Kronstadt à Pétersbourg un jour plus tôt qu’on ne me l’avait promis, a été adressée à un prince russe et non à moi ; pour peu qu’on se trompe de nom en Russie, on est sûr de tomber sur un prince. À présent il faudra des démarches et des explications sans fin avant de prouver l’erreur des douaniers ; car le prince de ma voiture est absent. Grâce à cette confusion et à ce guignon, je vais être obligé peut-être de me passer pendant longtemps de tout ce que j’avais laissé dans cette voiture.

Entre neuf et dix heures je me suis vu personnellement dégagé des entraves de la douane, et j’ai pu entrer à Pétersbourg, où j’eus à me louer des soins d’un voyageur allemand que le hasard m’a fait rencontrer sur le quai. Si c’est un espion, il est du moins serviable : il parlait russe et français ; il voulut bien se charger de me faire chercher un drowsky, tandis qu’avec une charrette il aidait lui-même mon valet de chambre à transporter chez Coulon, l’aubergiste, la petite partie de mes bagages qu’on venait de me rendre. J’avais recommandé à mon domestique de n’exprimer aucun mécontentement.

Coulon est un Français qui passe pour tenir la meilleure auberge de Pétersbourg ; ce qui ne veut pas