Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/28

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autorité, même aux prédicateurs d’indépendance, et celle qu’on choisit arbitrairement ne vaut pas celle qu’on trouve établie depuis dix-huit siècles.

Croyez-vous que l’Empereur de Russie soit un meilleur chef visible de l’Église que l’évêque de Rome ? Les Russes devraient le croire ; mais le croient ils ? Croyez-vous qu’ils le croient ? Telle est pourtant la vérité religieuse qu’ils prêchent aujourd’hui aux Polonais !

Vous piquerez-vous de conséquence, et rejetterez-vous opiniâtrément toute autre autorité que celle de la raison individuelle ? vous perpétuez la guerre parce que le gouvernement de la raison nourrit l’orgueil, et que l’orgueil engendre la division. Ah ! les chrétiens ne savent pas de quel trésor ils se sont volontairement privés le jour où ils avisèrent qu’on pourrait avoir des Églises nationales !… Si toutes les Églises du monde étaient devenues nationales, c’est-à-dire protestantes ou schismatiques, il n’y aurait plus aujourd’hui de christianisme : il n’y aurait que des systèmes de théologie locale, soumis à la politique humaine, qui les modifierait à son gré, selon les préjugés nationaux et les intérêts du temps.

Je me résume : je suis chrétien, parce que les des-