Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/285

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s’agitait comme un jeune homme, la sueur découlait de son visage, et comme je lui en témoignais ma surprise : Ah ! Monsieur le baron, me répondit-il tout haut, nous servons notre Monarque d’une tout autre façon que vous.

J’ignore si c’est le caractère de la nation russe qui a formé de tels autocrates, ou bien si les autocrates eux-mêmes ont donné ce caractère à la nation.

Cette lettre écrite depuis plus de trois siècles vous peint les Russes d’alors, absolument tels que je vois les Russes d’aujourd’hui. À l’instar de l’ambassadeur de Maximilien, je me demande encore si c’est le caractère de la nation qui a fait l’autocratie, ou l’autocratie qui a fait le caractère russe, et je ne puis résoudre la question non plus que ne le pouvait le diplomate allemand.

Il me semble cependant que l’influence est réciproque : ni le gouvernement russe ne se serait établi ailleurs qu’en Russie, ni les Russes ne seraient devenus ce qu’ils sont, sous un gouvernement différent de celui qu’ils ont.

J’ajoute une autre citation du même auteur Karamsin : il raconte ce que disaient au xve siècle les voyageurs qui avaient parcouru la Moscovie. « Est-il étonnant, disent les étrangers, que le grand prince soit riche ? il ne donne d’argent ni à ses troupes, ni à