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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/321

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LETTRE DIXIÈME.


Pétersbourg, le même jour, 12 juillet 1839, au soir.

On m’a mené à la promenade des îles ; c’est un agréable marécage : jamais la vase ne fut mieux déguisée sous les fleurs. Figurez-vous un bas-fond humide, mais que l’eau laisse à découvert pendant l’été, grâce aux canaux qui servent à égoutter le sol : tel est le terrain qu’on a planté de superbes bosquets de bouleaux et recouvert d’une foule de charmantes maisons de campagne. Des avenues de bouleaux, qui avec les pins sont les seuls arbres indigènes de ces landes glacées, font quelque illusion ; on se croit dans un parc anglais. Ce vaste jardin parsemé de villas et de cottages, tient lieu de campagne aux habitants de Pétersbourg ; c’est le bivouac des courtisans, richement habité pendant un moment de l’année, et désert le reste du temps ; voilà ce qu’on nomme ici le district des îles.

On y arrive en voiture par plusieurs routes fort belles, avec des ponts jetés sur divers bras de mer.

En parcourant ces allées ombragées, vous pouvez vous croire à la campagne, mais c’est une campagne monotone et artificielle. Pas de mouvement de terre, et toujours le même arbre : comment produire de