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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/379

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parent de son côté n’était venu à Pétersbourg pour assister à la cérémonie.

Pendant la messe il paraissait singulièrement impatient de se trouver seul avec sa femme ; et les yeux de l’assemblée entière se dirigèrent par un mouvement spontané vers le groupe des deux pigeons perchés au dessus de l’autel.

Je n’ai ni le cynisme de Saint-Simon, ni son génie d’expression, ni la gaieté naïve des écrivains du bon vieux temps ; dispensez-moi donc des détails, quelque divertissants qu’ils pussent vous paraître.

Dans le siècle de Louis XIV on avait une liberté de langage qui tenait à la certitude de n’être entendu que par des gens qui vivaient et parlaient tous de la même manière : il y avait une société et point de public. Aujourd’hui il y a un public, et il n’y a point de société. Chez nos pères chaque conteur, dans son cercle, pouvait être vrai sans conséquence ; aujourd’hui que toutes les classes sont mêlées on manque de bienveillance et dès lors de sécurité. La franchise d’expression paraîtrait de mauvais ton à des personnes qui n’ont pas toutes appris le français dans le même vocabulaire. Quelque chose de la susceptibilité bourgeoise a passé dans le langage de la meilleure compagnie de France ; plus le nombre des esprits auxquels on s’adresse grandit, et plus on doit prendre un air grave en parlant : une nation veut être respectée plus