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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/405

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en ce pays que pour les croire il faut les avoir vues de ses yeux.

— Je désire que vous voyiez beaucoup et bien.

— Ce désir de Votre Majesté est un encouragement.

— Si vous pensez du bien, vous le direz, mais inutilement ; on ne vous croira pas : nous sommes mal connus, et l’on ne veut pas nous connaître mieux. »

Cette parole me frappa dans la bouche de l’Impératrice, à cause de la préoccupation qu’elle décelait. Il me parut aussi qu’elle marquait une sorte de bienveillance pour moi, exprimée avec une politesse et une simplicité rares.

L’Impératrice inspire dès le premier abord autant de confiance que de respect ; à travers la réserve obligée du langage et des habitudes de la cour, on voit qu’elle a du cœur. Ce malheur lui donne un charme indéfinissable ; elle est plus qu’Impératrice, elle est femme.

Elle m’a paru extrêmement fatiguée ;  ; sa maigreur est effrayante. Il n’y a personne qui ne dise que l’agitation de la vie qu’elle mène la consumera, et que l’ennui d’une vie plus calme la tuerait.

La fête qui suivit notre présentation est une des plus magnifiques que j’aie vues de ma vie. C’était de la féerie, et l’admiration et l’étonnement qu’inspirait