Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/410

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

royales… ce mot ne dit pas assez : divines approcherait davantage de l’idée que le pouvoir souverain se fait de lui-même en Russie.

Les ambassadeurs de l’Europe entière avaient été invités là pour admirer les merveilleux résultats de ce gouvernement, d’autant plus amèrement critiqué par le vulgaire, qu’il est plus envié, plus admiré des hommes politiques, esprits essentiellement pratiques, et qui doivent être frappés d’abord de la simplicité des rouages du despotisme. Un palais, l’un des plus grands du monde, rebâti en un an : quel sujet d’admiration pour des hommes habitués à respirer l’air des cours !

Jamais les grandes choses ne s’obtiennent sans de grands sacrifices ; l’unité du commandement, la force, l’autorité, la puissance militaire, s’achètent ici par l’absence de la liberté ; tandis que la liberté politique et la richesse industrielle ont coûté à la France son antique esprit chevaleresque et la vieille délicatesse de sentiment qu’on appelait autrefois l’honneur national. Cet honneur est remplacé par d’autres vertus moins patriotiques mais plus universelles : par l’humanité, par la religion, par la charité. Tout le monde convient qu’en France aujourd’hui il y a plus de religion qu’au temps où le clergé était tout-puissant. Vouloir conserver des avantages qui s’excluent, c’est perdre ceux qui sont propres à chaque situation.