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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/119

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machine est pour moi un profond et douloureux mystère.

Comme décoration, comme assemblage pittoresque d’hommes de tous états, comme revue de costumes magnifiques ou singuliers, on ne saurait faire assez d’éloges de la fête de Péterhoff. Rien de ce que j’en avais lu, de ce qu’on m’en avait raconté n’aurait pu me donner l’idée d’une telle féerie ; l’imagination était restée au-dessous de la réalité.

Figurez-vous un palais bâti sur une terrasse dont la hauteur équivaut à une montagne dans un pays de plaines à perte de vue, pays tellement plat, que, d’une élévation de soixante pieds, vous jouissez d’un horizon immense ; au-dessous de cette imposante construction commence un vaste parc qui ne finit qu’à la mer, où vous apercevez une ligne de vaisseaux de guerre qui, le soir de la fête, doivent être illuminés : c’est de la magie ; le feu s’allume, brille et s’étend, comme un incendie, depuis les bosquets et les terrasses du palais jusque sur les flots du golfe de Finlande. Dans le parc, les lampions font l’effet du jour. Vous y voyez des arbres diversement éclairés par des soleils de toutes couleurs ; ce n’est pas par milliers, par dix milliers, que l’on compte les lumières de ces jardins d’Armide, c’est par centaines de mille, et vous admirez tout cela à travers les fenêtres d’un château pris d’assaut par un peuple