Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/151

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coup de femmes couchent dans leur voiture, des paysannes dorment dans leurs charrettes ; tous ces équipages, renfermés par centaines dans des enclos de planches, forment des camps très-amusants à parcourir et qui seraient dignes d’être reproduits par quelque artiste spirituel.

Les villes d’un jour que les Russes improvisent pour leurs fêtes sont bien plus amusantes, elles ont un caractère bien plus national que les véritables villes bâties en Russie par des étrangers. À Péterhoff, chevaux, maîtres et cochers, tout est réuni dans des enceintes de bois ; ces bivouacs sont indispensables, car il n’y a dans le village qu’un petit nombre de maisons passablement sales, dont les chambres se paient deux cents et jusqu’à cinq cents roubles par nuit : le rouble de papier équivaut à vingt-trois sous de France.

Ce qui accroît mon malaise depuis que je vis parmi les Russes, c’est que tout me révèle la valeur réelle de ce peuple opprimé. L’idée de ce qu’il pourrait faire, s’il était libre, exaspère la colère que je ressens, en voyant ce qu’il fait aujourd’hui.

Les ambassadeurs, avec leur famille et leur suite, ainsi que les étrangers présentés, sont logés et hébergés aux frais de l’Empereur ; on réserve à cet effet un vaste et charmant édifice en forme de pavillon carré, appelé le palais anglais. Cette habitation est