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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/164

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Ce qui m’a le plus frappé, c’est la teinte de l’eau où se reflétait le feu des milliers de lampions allumés autour de ce lac de feu. L’eau et les arbres ajoutent singulièrement à l’effet des illuminations. En traversant le parc nous avons passé devant des grottes où la lumière allumée dans l’intérieur se faisait jour au dehors à travers une nappe d’eau qui tombait devant l’ouverture de la brillante caverne : le mouvement de la cascade roulant par-dessus ce feu, était d’un effet merveilleux. Le palais Impérial domine toutes ces magnifiques chutes d’eau, et l’on dirait qu’il en est la source : lui seul n’est point illuminé ; il est blanc, mais il devient brillant par l’immense faisceau de lumières qui montent vers lui de toutes les parties du parc, et se reflètent sur ses murailles. Les teintes des pierres et la verdure des arbres sont changées par les rayons d’un jour aussi éclatant que celui du soleil. Ce seul spectacle mériterait une promenade à Péterhoff. Si jamais je retournais à cette fête, je me bornerais à parcourir à pied les jardins.

Cette promenade est sans contredit ce qu’il y a de plus beau à la fête de l’Impératrice. Mais encore une fois, la magie n’est pas de la gaieté : personne ici ne rit, ne chante, ne danse ; on parle bas, on s’amuse avec précaution, il semble que les sujets russes rompus à la politesse, respectent jusqu’à leur plaisir. Enfin la liberté manque à Péterhoff comme partout ailleurs.