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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/187

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Rome est-elle tombée aux pieds de Tibère et de Néron pour les supplier de ne point abdiquer le pouvoir absolu et de continuer à la brûler, à la piller, à se baigner tranquillement dans son sang, à déshonorer ses enfants ? C’est ce que vous verrez faire aux Moscovites au milieu du règne et au plus fort de la tyrannie d’Ivan IV.

Il voudra se retirer ; mais les Russes luttant de ruse avec leur maître, le supplieront de continuer à les gouverner selon son humeur. Ainsi justifié, ainsi garanti, le tyran recommencera le cours de ses exécutions. Pour lui, régner c’est tuer, il tue par peur et par devoir, et cette trop simple charte est confirmée par l’assentiment de la Russie et par les regrets et les pleurs de la nation entière lors de la mort du

    pire de Russie si Pierre le Grand eût été gêné dans l’exercice de son pouvoir ?
      « Où en seraient les Russes, si des députés se réunissaient chaque année pour passer six mois à délibérer sur des mesures dont la plupart d’entre eux n’ont aucune idée ? Car la science gouvernementale n’est pas innée ; et que deviendrions-nous, si nous n’avions pas à la tête des destinées de la Russie un monarque dont la pensée sage et énergique, libre de tout contrôle, n’est dirigée que vers un seul but, le bonheur de la Russie ? [(*) Ceci suffit, je pense, pour prouver que les idées politiques des Russes les plus éclairés de nos jours ne different pas beaucoup de celles des sujets d’Ivan IV, et que dans leur idolâtrie monarchique ils ne cessent de confondre le despotisme absolu avec un gouvernement tempéré. (Note du Voyageur.)] » (Coup d’œil sur la Législation russe. Pages 143, 144.)