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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/260

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homme à parler, ce qui n’était pas difficile, je me hasardai à lui témoigner quelques doutes sur l’authenticité des miracles de sa vierge de Vivielski ; j’aurais nié l’autorité spirituelle du pape que mon Romain n’eût pas été plus scandalisé.

En voyant ce pauvre catholique s’évertuer à me prouver le pouvoir surnaturel d’une peinture grecque, je pensais que ce n’est plus la théologie qui sépare les deux Églises. L’histoire des nations chrétiennes nous enseigne que la politique des princes a profité de l’opiniâtreté, de la subtilité et du talent de dialectique des prêtres pour envenimer les disputes religieuses.

Au sortir de la voûte qui perce la tour au pilier de laquelle s’est nichée cette fameuse madone, et sur une place de médiocre dimension, est un groupe en bronze, d’un très-mauvais style soi-disant classique. Je me crois dans un atelier de sculpture, au Louvre, sous l’Empire, chez un artiste du second ordre. Ce groupe représente, sous la figure de deux Romains, Minine et Pojarski, les libérateurs de la Russie dont ils ont chassé les Polonais au commencement du xviie siècle : singuliers héros pour porter le manteau romain !!… Ces deux personnages sont très à la mode aujourd’hui. Plus loin, que vois-je devant moi ? c’est la merveilleuse église de Vassili Blagennoï dont l’aspect m’avait tant frappé de loin que, depuis mon