Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/143

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suit dans toute sa longueur et sert d’issue aux immondices. Ces égouts construits en pierre de taille sont nettoyés plusieurs fois par jour au moyen d’une multitude de pompes qui servent à tirer l’eau des rivières voisines. On pénètre dans ces galeries par de larges escaliers en belles pierres. Toute personne qui se disposerait à salir les rues du bazar est invitée poliment par les Cosaques chargés de la police de la foire, à descendre dans ces catacombes d’ordures. C’est un des ouvrages les plus imposants que j’aie vus en Russie. Il y a là des modèles à proposer aux faiseurs d’égouts de Paris. Tant de grandeur et de solidité rappelle Rome. Ces souterrains sont l’œuvre de l’Empereur Alexandre qui prétendit vaincre la nature en établissant la foire sur un sol inondé pendant la moitié de l’année. Ses prédécesseurs ont fait la même chose en d’autres occasions : triompher des éléments est une manie de prince. Dans la suite, Alexandre a prodigué des millions pour remédier aux inconvénients du choix peu judicieux qu’il fit le jour où il ordonna que la foire de Makarief fût transportée à Nijni.

L’Oka, près de son embouchure dans le Volga, est bien quatre fois large comme la Seine ; ce fleuve sépare la ville permanente de la ville foraine ; il est tellement couvert de bateaux que, pendant l’espace de plus d’une demi-lieue, l’eau disparaît sous les