Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/16

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au contraire lorsque l’artiste brave l’écueil de la simplicité l’art redevient grand comme la nature. Le style classique, ce mot est ici employé dans l’ancienne acception, n’est pas varié.

La vie pastorale a toujours du charme : ses occupations paisibles et régulières conviennent à l’homme primitif ; elles maintiennent longtemps la jeunesse des races. Les pâtres qui ne s’éloignent jamais de leur terre natale sont sans contredit les moins à plaindre des Russes. Leur beauté même, qui devient plus frappante en approchant du gouvernement d’Yaroslaf, prouve pour leur manière de vivre.

J’ai rencontré, chose nouvelle pour moi en Russie, quelques paysannes fort jolies, aux cheveux d’or, au teint blanc, à la peau délicate et à peine colorée, aux yeux d’un bleu pâle, mais expressifs par leur coupe asiatique et par leurs regards languissants. Si ces jeunes vierges, avec leurs traits semblables à ceux des madones grecques, avaient la tournure et la vivacité de mouvement des femmes espagnoles, elles seraient les créatures les plus séduisantes de la terre. Un grand nombre de femmes de ce gouvernement m’ont paru bien habillées. Elles portent par-dessus leur jupe de drap une petite redingote bordée de fourrures. Cette courte houppelande, finissant au-dessus du genou, prend bien la taille, et donne de la grâce à toute la personne.