Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/237

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nêtre, et là, quel est son étonnement lorsqu’il aperçoit, à la lueur d’une quantité de torches, une belle calèche attelée de quatre chevaux et suivie de deux piqueurs.

Il reconnaît cet équipage tout neuf, ainsi que l’homme auquel il appartient : c’était un des officiers de hussards logés dans sa maison, grave étourdi, tout nouvellement enrichi par un héritage ; cet écervelé pédant venait d’acheter des chevaux et une voiture qu’il avait fait amener au château. Le vieux seigneur le voyant se pavaner dans sa calèche ouverte, tout seul, la nuit, au milieu d’une campagne déserte et silencieuse, le croit devenu fou ; il suit des yeux l’élégant équipage et le groupe de gens qui l’entourent ; il les voit se diriger en bon ordre vers l’église et s’arrêter devant le porche ; là, le maître descend gravement de voiture, aidé de ses valets qui se précipitent à la portière pour donner le bras au jeune officier, quoique celui-ci, plus leste que ses gens et aussi jeune, parût bien capable de se passer de leur assistance.

À peine eut-il touché terre qu’il remonta lentement et majestueusement en voiture, fit encore un tour sur la jetée, revint à l’église et recommença, lui et son monde, la même cérémonie que la première fois. Ce jeu se renouvela jusqu’à l’aube du jour. À la dernière répétition, l’officier donne l’ordre de rentrer