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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/302

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dont la famille se serait bien gardée de donner un démenti à l’Empereur.

Pour prouver le dire du souverain, le nouveau M. de Laval fit sculpter fièrement son écusson sur la porte de l’hôtel où il s’établit avec sa nouvelle épouse.

Malheureusement quinze ans plus tard, sous la restauration, je ne sais quel M. de Montmorency Laval voyageait en Russie ; voyant par hasard ses armes sur une porte, il s’informe ; on lui conte l’histoire de M. de Laval.

À sa demande, l’Empereur Alexandre fit aussitôt enlever l’écusson des Laval et la porte resta découronnée.

Le lendemain de ma course à Kolpino, je visitai en détail l’Académie de peinture : superbe et pompeux édifice qui, jusqu’à présent, renferme peu de bons ouvrages : mais que peut-on espérer de l’art dans un pays où les jeunes artistes portent l’uniforme ? j’aimerais mieux renoncer de bonne foi à tout travail d’imagination. J’ai trouvé tous les élèves de l’Académie de peinture enrégimentés, costumés, commandés comme des cadets de marine. Ce fait seul dénote un profond mépris pour ce qu’on prétend protéger, ou plutôt une grande ignorance des lois de la nature et des mystères de l’art : l’indifférence affichée serait moins barbare ; il n’y a de libre en Russie que ce dont le gouvernement ne se soucie pas ; il ne se