Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/330

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tacle un enseignement tout différent de celui que j’étais venu lui demander. C’est un monde à peu près ignoré des étrangers : les Russes qui voyagent pour le fuir payent de loin, en éloges astucieux, leur tribut à la patrie, et la plupart des voyageurs qui nous l’ont décrit n’ont voulu y découvrir que ce qu’ils allaient y chercher. Si l’on défend ses préventions contre l’évidence, à quoi bon voyager ? Lorsqu’on est décidé à voir les nations comme on les veut, on n’a plus besoin de sortir de chez soi.

Je vous envoie le résumé de mon voyage, écrit depuis mon retour à Ems ; vous étiez présent à ma pensée pendant que je faisais ce travail ; il m’est donc bien permis de vous l’adresser.


RÉSUMÉ DU VOYAGE.

En Russie, tout ce qui frappe vos regards, tout ce qui se passe autour de vous, est d’une régularité effrayante, et la première pensée qui vient à l’esprit du voyageur lorsqu’il contemple cette symétrie, c’est qu’une si complète uniformité, une régularité si contraire aux penchants naturels de l’homme, n’a pu s’obtenir et ne peut subsister sans violence. L’imagination implore un peu de variété… inutilement, comme un oiseau déploie ses ailes dans une cage. Sous un tel régime, l’homme peut savoir et sait, le