Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mit la Russie en feu : Pétersbourg et Moscou la sainte jetèrent des cris de rage et d’alarmes, enfin la conscience des fidèles se troubla tellement que d’un bout de l’Empire à l’autre on demandait la punition de cet imprudent avocat de la mère des Églises chrétiennes, ce qui n’empêchait pas l’écrivain téméraire d’être conspué comme novateur ; car… et ceci n’est pas une des moindres inconséquences de l’esprit humain presque toujours en contradiction avec lui-même dans les comédies qui se jouent en ce monde, le mot d’ordre de tous les sectaires et schismatiques, c’est qu’il faut respecter la religion sous laquelle on est né, vérité trop oubliée de Luther et de Calvin, qui ont fait en religion ce que bien des héros républicains voudraient faire en politique : de l’autorité à leur profit ; enfin, il n’y avait pas assez de knout, pas assez de Sibérie, de galères, de mines, de forteresses, de solitudes dans toutes les Russies pour rassurer Moscou et son orthodoxie byzantine contre l’ambition de Rome, servie par la doctrine impie d’un homme traître à Dieu et à son pays !

On attend avec anxiété l’arrêt qui va décider du sort d’un si grand criminel ; cette sentence, tardant à paraître, on désespérait déjà de la justice suprême, lorsque l’Empereur, dans son impassibilité miséricordieuse, déclare qu’il n’y a point lieu à punir, qu’il n’y a point de criminel à frapper ; mais qu’il y a un