Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/447

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venir chez eux, qu’elle ordonnait qu’on leur fournît tout ce qui leur serait nécessaire. Entre autres choses il leur dit que bientôt ils verraient jusqu’où allait la bonté de Sa Majesté. Quelques moments après, on envoya aux princes et aux princesses la veuve Lilienfeld, avec quelques habits pour leur toilette. Lorsque le colonel Ziegler et la femme du lieutenant-colonel Polasof vinrent chez eux, leur joie fut extrême, surtout lorsqu’ils apprirent la bonté de l’Impératrice pour eux.

Bientôt Melgunof lui-même arriva à Cholmogory. Ayant d’abord confirmé aux princes et princesses les paroles de Ziegler, il les instruisit enfin de leur situation, de la résolution de l’Impératrice de les mettre en liberté et de les envoyer en Danemark, sous la protection de leur tante, et de toutes les grâces que l’Impératrice avait dessein de leur faire. La nouvelle inattendue du changement de leur existence fut pour eux une joie céleste. Ils apprirent que Catherine, qui les avait déjà fait renaître, leur assurait encore une heureuse situation. Ne s’attendant pas à une aussi grande faveur, ils ne pouvaient prononcer un seul mot ; leurs cœurs seuls parlèrent en tressaillant de bonheur. Cette voix du cœur ne fut pas entendue ; mais leurs traits et leurs yeux levés au ciel, des torrents de larmes coulant de leurs yeux, et de fréquentes génuflexions en disaient plus que toutes les paroles, et témoignaient de leur reconnaissance pour leur auguste souveraine. Alors Melgunof leur fit comprendre combien ils devaient être reconnaissants à la maison Impériale qui leur donnait la liberté et une telle existence de luxe, rare même parmi les personnes de leur naissance. Il ajouta à cela que s’ils oubliaient les bienfaits de l’Impératrice, s’ils ajoutaient foi à des propos malveillants et suivaient des conseils per-