Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/11

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n'a aucune branche, aucune ramification, aucun vaisseau particulier qui s'y rende ou qui en parte.

C'est ce que l'on savait déjà par les travaux célèbres de Malpighi, de Swammerdam, de Lyonnet : mais M. Cuvier va beaucoup plus loin ; il examine toutes les parties du corps des insectes, l'une après l'autre ; et, par cet examen détaillé, il montre qu'aucun vaisseau sanguin, ou ce qui revient au même, qu'aucune circulation n'existe dans ces animaux.

Comment s'opère donc leur nutrition ?

M. Cuvier commence par faire remarquer que le but final de la circulation est de porter le sang à l'air. Aussi tous les animaux qui ont un cœur, ont-ils un organe respiratoire circonscrit, soit poumon, soit branchies ; et le sang, revenu des parties au cœur, est-il invariablement contraint de traverser cet organe, pour y être soumis à l'action de l'air, avant de retourner aux parties.

Mais, dans les insectes, l'appareil de la respiration est tout différent. Ce n'est plus un organe circonscrit qui reçoit l'air ; c'est un nombre presque infini de vaisseaux élastiques, nommés trachées, qui le portent dans toutes les parties du corps, et qui le conduisent ainsi jusque sur le fluide nourricier lui-même qui baigne continuellement ces parties.

En un mot, tandis que, dans les autres animaux, c'est le fluide nourricier qui, au moyen de la circulation, va chercher l'air, le phénomène se renverse dans les insectes, et c'est, au contraire, l'air qui y va chercher le fluide nourricier, et rend par la toute circulation inutile.

Une autre découverte de M. Cuvier, non moins importante, est celle de l'appareil circulatoire de certains vers qui, tels que le ver de terre, la sangsue, avaient été jusque-là confondus avec ces zoophytes d'une structure incomparablement plus simple, qui ne vivent que dans l'intérieur d'autres animaux.

Par une singularité remarquable, le_sang de ces vers, à appareil circulatoire, est rouge : nouvelle circonstance qui montre encore combien était inexacte et vague la dénomination danimaux à sang blanc, donnée jusque alors, d'une manière générale, aux animaux sans vertèbres.